Troublante adaptation de La Mouette de Tchekhov pour une comédienne et une marionnette.
Au premier plan, le visage ridé d’une vieille femme. Juste derrière, émergeant de l’obscurité, le visage lisse d’une jeune femme. Elles partagent le même corps — torse, jambes et mains. La première est une marionnette grandeur nature — incarnation d’une comédienne qui s’apprête à jouer la célèbre pièce d’Anton Tchekhov, Tchaïka — La Mouette. La seconde est sa manipulatrice. Ou est-ce l’inverse ? La jeune femme n’est-elle pas plutôt le produit de la mémoire de la marionnette ? N’est-elle pas elle-même lorsqu’elle avait l’âge de jouer Nina, le personnage de la comédienne débutante et pleine d’espoir, plutôt qu’Ekaterina, l’actrice autoritaire au sommet de sa notoriété ? Dans une pénombre propice aux illusions et aux fantômes, Tchaïka mêle avec une virtuosité captivante le texte de Tchekhov et les fêlures de son interprète bicéphale, en une série de mises en abyme qui s’agencent avec la troublante simplicité de poupées russes.
Natacha Belova a été costumière et scénographe avant de pratiquer l’art de la marionnette, où elle a acquis une réputation internationale. Tita Iacobelli est comédienne, metteure en scène et marionnettiste et a notamment travaillé dans la compagnie Viajeinmóvil de Jaime Lorca, notamment pour Gulliver (2006) et Otelo (2012). Elles ont créé leur compagnie en 2015, pour monter Tchaïka, leur premier spectacle commun. Elles en ont depuis produit deux autres : Loco, adaptation du Journal d’un fou de Nicolas Gogol et Sisypholia, performance inspirée par le mythe de Sisyphe et destinée à l’espace public.

