Créé au festival d’Avignon 2022 !
Elle est à la fois bien moins et bien plus seule qu’elle n’imaginait l’être lorsqu’elle a emménagé dans cet appartement de la grande métropole. « Il y a — dit-elle — un grand miroir sur la porte de la chambre / Si je me tiens devant / Je vois le visage de la femme qui habitait la maison avant moi. » Elle aussi a vécu seule et elle a beaucoup à dire. Elle est tout autant double, fantôme, futur soi et parfaite inconnue. La poétesse Rasha Omran dit ses textes en arabe, la comédienne Nanda Mohammad lui fait écho avec leur traduction française, tandis que la chanteuse Isabelle Duthoit crée une maison de sons. Sur la scène entièrement vide et presqu’irréelle, elles disent et chantent l’oratorio intérieur de l’étrangeté à soi-même.
Fille d’un célèbre poète syrien, Rasha Omran est elle-même poétesse et activiste politique. Elle a publié sept volumes de poèmes, dont dernièrement Celle qui habitait la maison avant moi (2018) et Épouse secrète de l’absence (2020), ainsi qu’une anthologie de la poésie syrienne contemporaine. Au milieu des années 90, elle crée le Festival international de littérature et de culture Al-Sindiyan et le dirige pendant dix-huit ans. Opposante déterminée au régime de Bachar El-Assad, elle vit en exil au Caire depuis 2012.
Celle qui habitait la maison avant moi a été programmé au Festival d’Avignon en 2022, dans le cadre d’un projet imaginé par le metteur en scène Henri Jules Julien, Shaeirat (Poétesses), qui regroupe les performances de quatre auteures contemporaines de langue arabe.