Un homme et une femme, un noir et une blanche, chabada bada, …
Il y a un homme et une femme, assis chacun sur une chaise, faisant face au public. Entre eux, un petit écran sur un pied. L’homme s’appelle Mahmoud, il est égyptien du Caire, ne parle pas un mot de français. La femme, plus âgée, est surnommée Nini, elle est française, ne parle pas un mot d’arabe. C’est la traduction automatique, affichée sur l’écran, qui va leur permettre de communiquer. Il s’avère que ce n’est pas si facile. La barrière de la langue bien sûr, mais aussi les a priori, les sujets de société qui fâchent, les remarques qui blessent et comment échapper à la caricature de soi-même… Bref, même en faisant preuve de la meilleure volonté du monde, les crises de rire et de nerfs s’accumulent.
Avec le comédien et danseur cairote Mahmoud El Haddad et la performeuse nancéienne Virginie Gabriel, Henri Jules Julien crée un dispositif qui met les pieds de la distanciation et de la lucidité dans le plat de la rencontre interculturelle et des bonnes intentions.
Ingénieur de formation, Henri Jules Julien est traducteur, metteur en scène, auteur de livres ou de fictions radiophoniques, producteur. Il a traduit de nombreux poètes de langue arabe et multiplié les initiatives pour montrer des artistes égyptiens, marocains, syriens ou libanais sur les scènes européennes. En tant que metteur en scène, il a monté Testimony de Charles Reznikoff, accueilli à La Halle aux grains en 2012,
De la justice des poissons, dont il est l’auteur (2016) et Celle qui habitait la maison avant moi, de la poétesse syrienne Rasha Omran dont il a également traduit des œuvres. Mahmoud et Nini a été créé au Festival d’Avignon en 2019.