D’après divers dits et écrits de la Marguerite Duras des années 60, libre et inattendue.
Au milieu des années 1960, Marguerite Duras réalise des interviews pour la radio ou la télévision. Elle ne répond pas aux questions, elle les pose. C’est dans cet ensemble méconnu d’enquêtes et de conversations qu’Isabelle Lafon est allée chercher la matière de ses Imprudents. Tout est sur la grande table installée au centre de la scène — quelques livres et une foule de papiers d’où les comédiens et les comédiennes font surgir les interlocuteurs de Duras : des ouvriers et ouvrières avec lesquelles elle parle de leurs lectures, ses amis intellectuels du groupe de la rue Saint-Benoît, le journaliste de télévision Pierre Dumayet, la strip-teaseuse Lolo Pigalle qui porte « la nudité comme un uniforme » et qui assure que « quand on est dans la misère, on ne connait pas le reste »… À ces personnes réelles, les acteurs mêlent des personnages fictifs improvisés, des morceaux de leur propre vie et même un chien — en un savant équilibre qui leur permet de livrer au public un spectacle qu’Isabelle Lafon appelle « une très belle répétition », un moment magique et inachevé sur lequel plane l’ombre lumineuse et sauvage de Marguerite Duras.
Isabelle Lafon est comédienne et metteure en scène. Comme comédienne, elle a joué pour Marie Piemontese, Chantal Morel, Daniel Mesguich, Michel Cerda ou Wajdi Mouawad. Avec sa compagnie Les merveilleuses, elle a notamment monté — et joué — Igishanga (d’après un texte documentaire de Jean Hatzeld), Le Journal d’une autre (d’après Lydia Tchoukovskaïa) et Une mouette (d’après Tchekhov), tous trois présentés à La Halle aux grains. Elle a également adapté et/ou mis en scène Crébillon fils, Corneille, Monique Wittig ou Virginia Woolf.
Rencontre avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation.