Une performance de piano augmenté au carrefour de la musique et de la danse.
Peut-on transformer une scène de théâtre en instrument à corde ? Peut-on transformer un danseur en archet ? C’est l’idée folle du pianiste et performeur Alvise Sinivia. Dans Ersilia (c’est le nom d’une des Villes invisibles d’Italo Calvino, où les habitants matérialisent les relations qui les unissent par des fils tendus de maison en maison), des pianos réduits à leur cadre et leur table d’harmonie sont disposés verticalement aux quatre coins du plateau. Des cordes de nylon les relient les uns aux autres, à peine visibles, tendues et accordées. Pris dans ce réseau, vêtu d’un bleu de travail enduit de colophane, Alvise Sinivia apprivoise l’instrument du bout des doigts. Bientôt, c’est tout son corps et chacun de ses mouvements qui produisent un étrange ballet autant qu’une étrange partition où le piano devient violon, où la musique devient toile d’araignée, où tout l’espace vibre, où l’interprète fait entièrement corps avec son instrument.
Pianiste, mais aussi compositeur et performeur, Alvise Sinivia est diplômé du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris. Il est membre de l’Orchestre national de création, expérimentation et d’improvisation musicale, dans lequel les musiciens sont également compositeurs. Il collabore à de très nombreuses entreprises transdisciplinaires, dont le collectif Warn!ng, qu’il a co-fondé en 2011. Avec sa compagnie, il a notamment créé les performances La Hurle, Le Son n’a pas de jambes sur lesquelles se tenir en duo avec la danseuse Sabine Rivière ou encore Micrographia. C’est à la Villa Médicis, dont il a été pensionnaire en 2016 et 2017, qu’il a lancé le projet Ersilia.