Un mélange détonnant pour une performance qui interroge les normes et le genre.
On distingue le mât chinois, appareil centenaire des athlètes du cirque, et le pole dance des strip-teaseuses. Mais n’est-ce finalement pas la même barre verticale sur laquelle on effectue des acrobaties assez proches, si ce n’est qu’elles semblent déborder de virilité dans le premier cas et exhibent ou promettent une certaine idée de la féminité dans le second ? Voilà en tout cas un excellent terrain de jeu pour qui s’intéresse aux nuances du genre. C’est le cas de Juglair qui a esquissé ce sujet dans Diktat et dont
le corps d’acrobate, « corps de cirque anormé » dit-elle, permet de nombreux rôles. Accompagnée du musicien Lucas Barbier, elle invente devant et sur une barre verticale « la grande farce du Genre en tous genres », un véritable et réjouissant cabaret où défilent garçons manqués de l’enfance, drag queens et drag kings, travestis qui se travestissent, jusqu’à faire place au légendaire Dicklove, personnage à qui toutes les identités sont permises.
Élève du Centre national des arts du cirque en 2008, Sandrine Juglair est une des rares femmes à s’être spécialisée dans la pratique du mât chinois. Diplômée la même année, elle a collaboré avec la chorégraphe Fatou Traoré (La Part du loup en 2008), avec la compagnie Cahin-Caha (REV en 2010), avec le fildefériste Jean-Charles Gaume (J’aurais voulu puis Radius et Cubitus) ou encore avec le Cirque Plume (Tempus Fugit en 2017). Diktat, son premier spectacle solo, a été lauréat de Circus Next en 2016. Avec Julien Fanthou, alias Patachtouille au Cabaret de Madame Arthur, elle a présenté Plastic Platon au Festival d’Avignon en 2020.